La comptabilité d’un kinésithérapeute libéral doit être tenue avec rigueur pour assurer une bonne gestion financière et respecter les obligations fiscales. Voici un guide détaillé des étapes à suivre pour bien comptabiliser son activité.
1. Choisir son régime fiscal et comptable
Un kinésithérapeute libéral exerce une profession non commerciale, et ses revenus sont imposés dans la catégorie des Bénéfices Non Commerciaux (BNC). Deux régimes fiscaux sont possibles :
a) Régime micro-BNC (simplifié)
Accessible si le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 77 700 € (seuil 2024).
– Comptabilité ultra-simplifiée :
Un livre des recettes suffit.
Pas de déduction des charges réelles : l’administration applique un abattement de 34 % sur le chiffre d’affaires pour estimer le bénéfice imposable.
Pas de déclaration détaillée des charges, ni obligation d’un expert-comptable.
Avantages : Gestion facile, pas d’obligations comptables complexes.
Inconvénients : Pas de possibilité de déduire les charges réelles (loyer, matériel, véhicule, etc.).
b) Régime de la déclaration contrôlée (réel BNC)
Obligatoire si le chiffre d’affaires dépasse 77 700 €, mais option possible en dessous.
Permet de déclarer le bénéfice réel après déduction des charges professionnelles.
– Comptabilité plus rigoureuse :
Tenue d’un journal des recettes et dépenses.
Conservation de toutes les factures d’achat et de vente.
Déclaration fiscale spécifique (formulaire 2035).
Avantages : Optimisation fiscale en déduisant toutes les charges réelles.
Inconvénients : Gestion comptable plus lourde (souvent nécessitant un expert-comptable).
2. Tenir une comptabilité rigoureuse
Un kinésithérapeute en BNC doit suivre une comptabilité simplifiée, mais rigoureuse, notamment s’il est au régime réel.
a) Suivi des recettes
– Tenir un journal des recettes, où chaque paiement encaissé est noté avec :
La date de l’encaissement.
Le nom du patient (ou « tiers-payant » si la CPAM ou la mutuelle paie directement).
Le montant perçu.
Le mode de paiement (espèces, chèque, virement).
– Facturation : Les kinésithérapeutes ne sont pas obligés d’émettre des factures aux patients, mais doivent conserver les relevés des caisses et mutuelles.
Astuce : Utiliser un logiciel de gestion pour automatiser la saisie des paiements et éviter les erreurs.
b) Suivi des dépenses
Les charges professionnelles doivent être comptabilisées et justifiées pour être déductibles.
Principales charges déductibles :
– Locaux professionnels : Loyer, électricité, eau, chauffage.
– Matériel médical et équipement : Table de massage, appareils de rééducation, consommables.
– Assurances professionnelles : Responsabilité Civile Professionnelle (RCP), prévoyance, mutuelle.
– Frais de véhicule : Si déplacements professionnels (domicile-patient, formations).
– Frais de formation continue : Séminaires, congrès, perfectionnements.
– Frais bancaires et logiciels : Frais de tenue de compte, logiciels de gestion patientèle.
– Cotisations sociales obligatoires : URSSAF, CARPIMKO (retraite des paramédicaux), assurances complémentaires.
Astuce : Scanner toutes les factures et conserver les justificatifs en cas de contrôle fiscal.
3. Gestion de la TVA
a) Exonération de TVA pour les soins thérapeutiques
La majorité des actes réalisés par un kinésithérapeute sont exonérés de TVA, conformément à l’article 261-4-1° du Code Général des Impôts (CGI).📌 Exemples exonérés :
Massages et rééducation prescrits par un médecin.
Soins remboursés par la Sécurité sociale.
b) Cas où la TVA s’applique (20 %)
Certains actes ne relevant pas d’une finalité thérapeutique sont soumis à la TVA :
Soins de bien-être et massages non médicaux.
Prestations de coaching sportif.
Vente de produits ou matériels médicaux (ex. : attelles, orthèses).
Si le chiffre d’affaires soumis à TVA dépasse 36 800 €, le kiné doit facturer et reverser la TVA à l’administration fiscale.
Conseil : Vérifier avec un expert-comptable si certains actes entrent dans l’assujettissement à la TVA.4. Déclarations fiscales et sociales
Un kinésithérapeute doit déclarer ses revenus chaque année à l’administration fiscale et s’acquitter de ses charges sociales.
a) Déclarations fiscales
Micro-BNC : Reporter le chiffre d’affaires sur la déclaration 2042 C PRO.
Régime réel BNC : Déclaration spécifique 2035, détaillant recettes et charges.
Prélèvement à la source : L’administration fiscale applique un taux d’imposition basé sur les revenus déclarés l’année précédente.
b) Cotisations sociales
Le kinésithérapeute libéral doit s’acquitter de plusieurs cotisations sociales :
URSSAF : Cotisations maladie et allocations familiales.
CARPIMKO : Retraite obligatoire des paramédicaux.
Prévoyance complémentaire (facultative mais fortement conseillée).
Anticipation : Les premières années, les cotisations sociales sont souvent sous-évaluées et peuvent faire l’objet de régularisations importantes.
5. Faut-il un expert-comptable pour le kinésithérapeute ?
Un kinésithérapeute en micro-BNC peut gérer sa comptabilité seul grâce à des outils simples (tableau Excel, logiciel de comptabilité).
En revanche, un kiné en régime réel (déclaration contrôlée) a tout intérêt à faire appel à un expert comptable kinésithérapeute, surtout pour :
– Optimiser la fiscalité (amortissements, charges, choix du statut).
– Éviter les erreurs de déclaration qui peuvent entraîner des redressements fiscaux.
– Gérer la TVA si une partie de l’activité y est soumise.
Conclusion
La comptabilité d’un kinésithérapeute libéral varie selon son régime fiscal :
– Micro-BNC : Simple, mais sans déduction des charges.
– Régime réel : Plus complexe, mais permet une gestion optimisée des revenus et des charges.
– Un bon suivi comptable, une gestion rigoureuse des recettes et des dépenses, ainsi que l’anticipation des cotisations sociales permettent d’éviter les mauvaises surprises et d’optimiser la rentabilité de son activité.